Le Canada a connu très peu de crises bancaires au cours des cent dernières années, tandis que les États-Unis ont régulièrement subi des bouleversements dans ce domaine durant la même période.
La plus récente a été une crise des banques régionales en 2023, lorsque les hausses de taux d’intérêt de la Réserve fédérale ont créé un dangereux décalage entre les taux appliqués aux actifs et ceux appliqués aux passifs des banques.
L’un des avantages du Canada est que six grandes banques nationales contrôlent son système bancaire. Aujourd’hui, le système bancaire américain évolue dans la même direction, bien qu’il ne s’agisse pas d’un effort concerté pour imiter son voisin, et qu’il ne soit pas près de se réduire à seulement six banques dominantes.
Cependant, le nombre de banques américaines assurées par la FDIC est passé d’environ 9 000 en 2005 à environ 4 400 aujourd’hui. Et trois d’entre elles détiennent environ 30 % des dépôts du pays.
De plus, les banques régionales se lancent dans une frénésie d’acquisitions, réduisant encore davantage ce nombre. Cinq fusions de banques régionales d’une valeur d’au moins un milliard de dollars ont déjà eu lieu cette année.
Activité de Fifth Third et PNC
La plus importante a eu lieu plus tôt ce mois-ci, lorsque Fifth Third (NASDAQ : FITB) a annoncé le rachat de Comerica (NYSE : CMA). Cette opération ferait de Fifth Third la neuvième plus grande banque du pays en termes d’actifs – près de 300 milliards de dollars. Le mois dernier, PNC Financial Services (NYSE : PNC) a indiqué qu’elle allait acquérir FirstBank pour 4,1 milliards de dollars. PNC est actuellement la sixième plus grande banque des États-Unis.
Qu’est-ce qui alimente cette vague de rachats ?
Tout d’abord, la baisse des taux d’intérêt décidée par la Fed (une première réduction en septembre, et une autre attendue ce mois-ci) crée un contexte favorable pour l’expansion des actifs bancaires.
La Fed fait baisser les taux à court terme, ce qui permet aux banques de rémunérer moins leurs dépôts. Mais la menace d’une inflation persistante maintient les taux à long terme à un niveau élevé. Or, ce sont ces taux à long terme que les banques facturent sur nombre de leurs prêts et qui déterminent les rendements de plusieurs de leurs placements.
En outre, les fusions accroissent la base de dépôts des banques acquéreuses, créant de nouvelles opportunités de prêts et d’investissements, tout en augmentant leur diversification géographique. Par exemple, l’achat de Comerica aidera Fifth Third, basée à Cincinnati, à étendre sa présence en Californie, au Texas, au Michigan, en Arizona et dans le Sud-Est. Cela pourrait réduire le risque de fuite des dépôts lors d’une prochaine crise bancaire.
L’augmentation des actifs permet aussi aux banques régionales de mieux rivaliser avec les géants tels que JPMorgan Chase (NYSE : JPM), Bank of America (NYSE : BAC) et Wells Fargo (NYSE : WFC).
Enjeux réglementaires
De plus, les banques régionales supportent des coûts réglementaires plus élevés lorsque leurs actifs dépassent les seuils de 100 milliards et 250 milliards de dollars. Elles cherchent donc à franchir ces niveaux de manière significative afin de rentabiliser ces nouvelles dépenses, et les acquisitions peuvent y contribuer.
Bien sûr, cette vague d’achats ne serait pas possible sans un climat réglementaire favorable. L’administration Trump a annulé un décret de 2021 de l’administration Biden qui incitait les régulateurs à renforcer la surveillance des fusions et acquisitions bancaires.
Le gouvernement a également abrogé une règle de 2024 du Office of the Comptroller of the Currency, qui avait supprimé la procédure d’examen accéléré des fusions bancaires. Cette procédure est donc de nouveau en vigueur. « D’un point de vue réglementaire, la situation ne sera sans doute jamais aussi favorable qu’aujourd’hui », a déclaré Gregory Lyons, associé du cabinet d’avocats Debevoise & Plimpton, à Bloomberg.
Attendez-vous donc à d’autres fusions. Des rumeurs évoquent notamment une possible acquisition de Citizens Financial (NYSE : CFG) par PNC.
Tout cela semble positif, mais ces opérations et la croissance qu’elles génèrent peuvent aussi engendrer des risques pour les banques. « Chaque fois que la finance croît rapidement, nous avons des raisons de nous inquiéter, car les mauvaises surprises ont tendance à survenir », a déclaré Gregor Matvos, professeur de finance à l’Université Northwestern, au média Marketplace News.
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