YPF (NYSE : YPF) fonce avec ses ambitions à Vaca Muerta, mais les prix du pétrole freinent son élan
La compagnie pétrolière argentine YPF S.A. (NYSE : YPF), contrôlée par l’État, a dévoilé fin 2023 un plan ambitieux visant à quadrupler sa capitalisation boursière en quatre ans en misant sur le développement du gisement de schiste prolifique de Vaca Muerta. Toutefois, la baisse des prix du pétrole pourrait avoir compliqué ses ambitions. Selon le PDG Horacio Daniel Marín, il ne s’agit que d’un revers temporaire.
« L’énergie, c’est une affaire de long terme », a-t-il déclaré lors d’un récent entretien avec Infobae. « J’ai vu le baril à 8 dollars… Il monte, il descend. »
YPF, a-t-il ajouté, se retire progressivement des gisements matures, plus coûteux à exploiter, ce qui permet à l’entreprise d’afficher aujourd’hui un seuil de rentabilité bien plus bas, autour de 45 dollars le baril. Marín estime par ailleurs que la demande insatiable en énergie — notamment due à l’essor de l’intelligence artificielle, très énergivore — devrait soutenir les prix pendant encore de nombreuses années, malgré les fluctuations actuelles du marché.
Le West Texas Intermediate (NYMEX : CLM5), type de brut servant de référence aux États-Unis, a chuté d’environ 12 % depuis le début de l’année, pour s’échanger actuellement autour de 63 dollars le baril. Cela signifie moins de revenus pour les producteurs de pétrole comme YPF, dont l’action a reculé d’environ 20 % sur la même période. La société produit actuellement environ 552 000 barils équivalents pétrole par jour.
« Ces chutes brutales des prix, ce n’est pas normal », a poursuivi Marín. « Elles reflètent des négociations et des turbulences de marché. Je ne suis pas du tout pessimiste pour l’avenir. Les scénarios les plus défavorables pourraient retarder certains projets, mais ils ne tueront pas Vaca Muerta. » Il a tenu un discours similaire lors de la Journée des investisseurs de YPF à New York le mois dernier, cherchant à rassurer les actionnaires.
Des marges sous pression avec la baisse des prix du pétrole
Même si le chiffre d’affaires de la société a augmenté de 6,9 % au premier trimestre pour atteindre 4,6 milliards de dollars — principalement grâce à une hausse de la production de pétrole et de liquides de gaz naturel —, elle a enregistré une perte nette de 10 millions de dollars, contre un bénéfice de 657 millions sur la même période l’année précédente. Cette pression financière a pénalisé l’action YPF, qui accuse un retard par rapport aux autres entreprises argentines, soutenues par les réformes économiques engagées par le président Javier Milei. L’ETF Global X MSCI Argentina (NYSE : ARGT), par exemple, a progressé de 6 % depuis le début de 2025 (après un gain de 66 % en 2024).
YPF, de son côté, poursuit sa stratégie de croissance appelée « 4×4 » qui, en plus du développement de Vaca Muerta, comprend des projets à plus long terme comme l’exportation de gaz naturel liquéfié. Marín, ingénieur chimiste fort de 35 ans d’expérience dans le secteur de l’énergie, estime que l’entreprise pourrait produire un million de barils équivalents pétrole par jour d’ici 2030.
« Le président ne m’a donné qu’une seule consigne : accroître la valeur de YPF », a-t-il déclaré en faisant référence à Milei, ajoutant que la société est toujours en bonne voie pour atteindre son objectif de quadruplement de sa capitalisation.
Il n’en demeure pas moins que les choses pourraient s’avérer plus difficiles que prévu, alors que l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) prévoit que les prix du WTI atteindront en moyenne 63 dollars le baril cette année, avant de baisser à 57 dollars en 2025, en raison d’une production mondiale et de stocks en hausse. YPF profite des réformes économiques radicales menées en Argentine et de l’enthousiasme suscité par les immenses réserves d’hydrocarbures de Vaca Muerta, mais elle ne peut pas échapper aux forces du marché qui influencent les producteurs de matières premières, où qu’ils se trouvent. Cela signifie que tout gain supplémentaire, du moins à court terme, pourrait échapper à son contrôle.
