Au cours des 15 dernières années, les actions américaines ont constamment surpassé leurs homologues européennes. Cela s’explique par une croissance économique plus rapide aux États-Unis qu’en Europe et par des bénéfices des entreprises américaines supérieurs à ceux de leurs homologues européennes.
Au début de l’année, cette tendance s’est inversée en raison des craintes que les droits de douane américains ne plongent l’économie et le secteur des entreprises dans une récession. Du 1er janvier au 20 mai, l’indice Euro Stoxx 50 a bondi de 11,3 %, tandis que le S&P 500 reculait de 0,5 %.
Mais depuis lors, c’est le S&P 500 qui a bondi de 11 %, contre une hausse de seulement 1 % pour l’Euro Stoxx 50, qui reflète les actions de la zone euro. Cette divergence s’explique par le fait que les droits de douane n’ont pas encore eu d’impact significatif sur l’économie américaine et les bénéfices des entreprises, tandis qu’en Europe, l’économie et les bénéfices restent moroses.
Depuis le début de l’année, les hausses des deux indices sont presque identiques, le S&P 500 progressant de 13,5 % et l’Euro Stoxx 50 de 13,2 %.
Il est également instructif d’examiner les tendances des actions individuelles afin d’observer les tendances à un niveau microéconomique. Commençons par les deux plus grands constructeurs automobiles aux États-Unis et en Europe : General Motors (NYSE : GM) et Volkswagen (CBOE : VOW3).
Au cours du dernier mois, GM a enregistré une hausse plus importante (3,8 % contre -6,3 %). Depuis le début de l’année, VW est en tête avec 18,1 % contre 14,4 %. Sur les cinq dernières années, le rendement de GM écrase celui de VW avec 106 % contre 39 %.
Il en va de même lorsque l’on compare ExxonMobil (NYSE : XOM), le plus grand producteur de pétrole américain, et Shell (CBOE : SHEL), le plus grand producteur de pétrole européen. L’action Exxon a dominé le mois dernier (de -0,4 % à -2,4 %), Shell a dominé depuis le début de l’année (15,2 % contre 5,9 %) et Exxon au cours des cinq dernières années (185 % contre 143 %).
Quant aux causes de la récente surperformance des actions américaines, l’économie américaine a connu une croissance annualisée de 3,8 % au deuxième trimestre, et le modèle de prévision de la Réserve fédérale d’Atlanta table sur une croissance de 3,9 % pour le troisième trimestre.
De plus, selon FactSet, les bénéfices des entreprises du S&P 500 ont bondi de 12 % au deuxième trimestre par rapport à l’année précédente, et les analystes prévoient une hausse de 11 % pour les 12 prochains mois.
Économie et bénéfices atones en Europe
En Europe, l’économie de la zone euro n’a progressé que de 0,1 % au deuxième trimestre par rapport au premier. Il n’est donc pas surprenant que les bénéfices pondérés de la zone euro aient reculé de 1 % jusqu’à présent en 2025, selon JPMorgan, cité par Bloomberg.
De nouvelles baisses de taux potentielles de la Fed (qui a réduit ses taux au début du mois) pourraient faire grimper les actions américaines en stimulant l’économie et donc en augmentant les bénéfices. Dans le même temps, la Banque centrale européenne pourrait maintenir ses taux d’intérêt inchangés, car l’inflation semble avoir atteint son niveau le plus bas. La BCE a réduit ses taux à quatre reprises au cours du premier semestre.
Au regard de ces chiffres, les actions américaines sont beaucoup plus attractives que les actions européennes. Mais ces dernières bénéficient tout de même de certains facteurs favorables. Tout d’abord, l’inflation est plus élevée aux États-Unis qu’en Europe, les prix à la consommation ayant augmenté de 2,9 % au cours des 12 mois précédant le mois d’août, contre 2,0 % dans la zone euro. De plus, les droits de douane élevés imposés par les États-Unis pourraient faire grimper le taux d’inflation.
En outre, la hausse de 13 % de l’euro par rapport au dollar depuis le début de l’année est telle que l’indice Euro Stoxx 50 a largement surperformé le S&P 500 en dollars pendant cette période, avec une hausse de 26,2 % pour l’indice de la zone euro contre 13,5 % pour le S&P 500. Tout cela se traduit par une série de courants contraires pour les actions américaines et européennes. On peut avancer des arguments solides en faveur de la surperformance de l’une ou l’autre région. Cela pourrait signifier qu’elles évolueront de manière synchronisée.
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