Les actions à petite capitalisation pourraient enfin briller au soleil

Les actions à petite capitalisation (small caps) ont sous-performé les grandes capitalisations (large caps) au cours des dix dernières années. Et pourtant, pendant une grande partie de cette période, de nombreux analystes annonçaient un retournement à venir. Jusqu’à présent, cela ne s’est pas produit.
Mais Bank of America estime que ce retournement pourrait enfin se concrétiser, même si ce ne serait que de manière modérée. Une partie de l’argument haussier repose sur le fait que les small caps sont peu chères par rapport aux large caps, comme l’a expliqué Jill Carey Hall, stratégiste actions chez BofA, dans une note. L’indice S&P 600 (small caps) affiche un ratio prix/bénéfices anticipés (forward P/E) de 15, contre 23 pour le S&P 500.
Il existe aussi un argument historique : sur le long terme, les small caps ont surperformé les large caps. « Et les cycles de performance relative suggèrent que nous sommes arrivés à un point de retournement, après une décennie de sous-performance des small caps », affirme-t-elle.
Depuis 1925, les small caps ont généré un rendement total annualisé de 15 % avec une volatilité annualisée de 32 %, selon le Center for Research in Security Prices. Pour les large caps, le rendement est de 12 %, avec une volatilité de 20 %.
Cependant, les détracteurs des small caps soulignent que les entreprises restent privées plus longtemps, que des sociétés de moindre qualité représentent une part croissante des introductions en bourse, et que de moins en moins de small caps présentent un fort potentiel de croissance, comparé au passé.
Entre les deux camps
Alors, qui a raison : les haussiers ou les baissiers ? « La vérité se situe probablement entre les deux », estime Hall. « L’écart marqué de valorisation, combiné à des tendances structurelles pluriannuelles (fin de la mondialisation, relocalisation, reprise des dépenses d’investissement), devrait soutenir la performance des small caps par rapport aux large caps au cours de la prochaine décennie. »
Mais les récentes évolutions des indices Russell 2000 (small caps) et S&P 500 appellent à la prudence, ajoute-t-elle. Le Russell 2000 s’est orienté vers des sociétés de moindre qualité, souvent très endettées, tandis que le S&P 500 a suivi la direction opposée.
« Cela suggère que le potentiel de revalorisation des multiples – et donc l’ampleur de la surperformance des small caps – pourrait être plus limité que ce que l’histoire laisse penser », explique Hall.
Pour les investisseurs intéressés par les small caps, se pose alors la question du bon choix. « Les investisseurs sont souvent attirés par les small caps pour leur potentiel de croissance », note Hall. « Mais, en réalité, la forte croissance projetée à long terme a historiquement été un mauvais facteur de sélection. »
Depuis 1989, ce sont les actions value (sous-évaluées) qui ont le mieux performé, suivies par les actions de qualité (avec des bénéfices solides). Le meilleur critère de sélection à long terme pour les small caps, selon Hall, reste l’achat d’actions avec un ratio élevé de flux de trésorerie disponible sur valeur d’entreprise (free cash flow / enterprise value).