Keurig Dr Pepper (NASDAQ : KDP), l’entreprise de café et de boissons gazeuses, affiche de bons résultats dans un contexte difficile. Mais elle pourrait rencontrer quelques obstacles à venir.
Le fournisseur du soda Dr Pepper et des machines/capsules à café Keurig prospère grâce à l’innovation et à une attention croissante portée aux eaux premium, aux boissons énergétiques et sportives. L’entreprise a su surmonter les droits de douane, l’incertitude économique et la montée des préoccupations de santé chez les consommateurs.
Le chiffre d’affaires de KDP a bondi de 10,7 % au troisième trimestre, atteignant 4,3 milliards de dollars. Le bénéfice a progressé de 7,5 %, à 662 millions de dollars. Les boissons rafraîchissantes aux États-Unis (sodas et autres) représentent 63 % du chiffre d’affaires, tandis que le café américain en constitue 23 % (le reste provenant de l’international).
Les boissons rafraîchissantes ont largement surpassé le café, avec une hausse de chiffre d’affaires de 14,4 % contre 1,5 % pour le café. Les boissons comprennent notamment 7UP et Canada Dry, tandis que le café inclut Green Mountain Coffee Roasters.
Entre-temps, Keurig Dr Pepper a relevé sa prévision de croissance annuelle de ses revenus pour 2025, la faisant passer d’un taux à un chiffre moyen à un taux à un chiffre élevé.
Une injection de capitaux des grands acteurs financiers
En parallèle de ses résultats, l’entreprise a annoncé recevoir 7 milliards de dollars d’investissements combinés de la part de grandes firmes financières. Les géants du private-equity Apollo Global Management (NYSE : APO) et KKR (NYSE : KKR) investiront 3 milliards de dollars dans la division des boissons rafraîchissantes. Le duo, accompagné de la banque d’investissement Goldman Sachs (NYSE : GS), allouera également 4 milliards de dollars à une coentreprise dédiée aux capsules de café.
Ces apports de capitaux permettront de limiter l’endettement de KDP alors qu’elle procède à l’acquisition prévue de JDE Peet’s (CBOE : JDEP), propriétaire de Peet’s Coffee, pour 18 milliards de dollars. L’entreprise prévoit ensuite de séparer sa division café (plus lente à croître) de la division des boissons rafraîchissantes.
Les actions de KDP ont grimpé de 8 % le jour de l’annonce des résultats et des investissements (lundi), bien qu’elles restent en baisse de 15 % sur les 12 derniers mois.
Cependant, ces apports pourraient ne pas être aussi positifs qu’ils en ont l’air. Les investisseurs s’inquiétaient du niveau d’endettement nécessaire à l’achat de Peet’s. Les injections de capitaux sont structurées de manière à ne pas apparaître comme de la dette sur le bilan de KDP.
L’acquisition de Peet’s devait initialement porter la dette de Keurig à 38 milliards de dollars, y compris un prêt relais de 18,9 milliards accordé par Morgan Stanley lors de l’annonce de l’opération. Mais avec le nouveau financement de 7 milliards, Keurig prévoit désormais 31 milliards de dette (les 7 milliards n’apparaîtront pas sur le bilan).
Risques hors bilan
Cela pourrait aider KDP à préserver ses notations chez Moody’s et S&P, mais les emprunts hors bilan peuvent poser de graves problèmes : ils encouragent parfois les entreprises à accumuler trop de dettes. Rien ne dit que cela se produira pour KDP, mais le risque existe.
Quoi qu’il en soit, certains experts restent sceptiques quant à la fusion. « Une innovation plus efficace et un meilleur marketing sont nécessaires pour redynamiser les perspectives café de KDP-Peet’s, dans un contexte de concurrence et d’inflation des coûts », écrit Dan Su, analyste chez Morningstar.
« Compte tenu des difficultés rencontrées par KDP et Peet’s pour stimuler la demande ces trois dernières années, ainsi que de la complexité de l’intégration, nous ne prévoyons pas de croissance significative des volumes dans les prochaines années. »
En revanche, il est plus optimiste pour la branche boissons rafraîchissantes : « L’attachement des consommateurs à la marque, fondé sur des goûts distinctifs, des reformulations de recettes et l’innovation pour répondre aux préférences changeantes, devrait permettre à l’entreprise de conserver son avance dans ses catégories spécialisées », souligne-t-il. « Cela devrait lui conférer un pouvoir de fixation des prix durable, même face aux vents contraires liés aux préoccupations de santé. »
Peut-être que cette injection de capital et la scission après la fusion avec Peet’s donneront un élan durable à KDP, mais rien n’est garanti.
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