Les actions européennes brisent enfin leur série de pertes face aux États-Unis

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Au cours des 15 dernières années, les actions américaines ont largement surpassé leurs homologues européennes, grâce à la solide croissance de l’économie américaine, tandis que l’Europe a connu des difficultés.

Durant cette période, jusqu’au 31 décembre, l’indice S&P 500 a grimpé de 517 %, contre une hausse de seulement 175 % pour l’indice Stoxx Europe 600.

Mais la tendance s’inverse. Depuis le début de l’année, le S&P 500 a chuté de 6,1 %, tandis que le Stoxx 600 a progressé de 5,8 %.

La baisse aux États-Unis est alimentée par l’inquiétude selon laquelle les tarifs douaniers pourraient plomber l’économie. Goldman Sachs a d’ailleurs abaissé sa prévision de croissance du PIB américain pour 2025, passant de 1,5 % à 1 %. La croissance avait atteint 2,5 % en 2024. La banque estime désormais à 35 % la probabilité d’une récession aux États-Unis dans les 12 prochains mois, contre 20 % auparavant.

Ce n’est pas pour autant que l’économie européenne est en pleine effervescence. L’économie de la zone euro n’a progressé que de 0,7 % l’an dernier. Et la Banque centrale européenne ne prévoit pas d’amélioration notable cette année, avec une croissance attendue de 0,9 %.

Jusqu’à récemment, de nombreux analystes étaient optimistes quant à l’économie américaine. En revanche, ils étaient déjà pessimistes sur l’Europe. Ainsi, dans un contexte de turbulences liées aux tarifs douaniers, l’Europe apparaît désormais sous un meilleur jour par rapport aux États-Unis.

Soixante bons jours pour les actions européennes

Sur une période récente de 60 jours (du 16 janvier au 17 mars), le Stoxx Europe 600 a grimpé de 5,9 %, tandis que le S&P 500 a reculé de 4,4 %.

C’est la première fois depuis 2000 que le S&P 500 chute d’au moins 3 %, que le Stoxx Europe 600 progresse d’au moins 3 %, et que l’indice européen surperforme l’américain d’au moins 10 %, selon Deutsche Bank. Des situations similaires se sont produites en 2000, 1997 et 1989-1990.

Si l’on regarde ces périodes précédentes, en 2000, la bulle Internet qui s’était formée depuis environ cinq ans a éclaté, entraînant une chute de 10,1 % du S&P 500 cette année-là.

L’Europe n’a pas flambé non plus, avec un recul de 3,8 % du Stoxx 600. Mais cette performance restait bien meilleure que celle des États-Unis. L’écart s’explique en grande partie par le poids moindre des valeurs technologiques sur les marchés européens par rapport aux États-Unis.

Un peu d’histoire boursière

En 1997, l’Europe a bénéficié de la baisse des taux d’intérêt et de l’affaiblissement de l’euro. Le Stoxx 600 s’est envolé de 41 %. Les États-Unis ont également connu une belle performance, avec une croissance économique solide et une bulle technologique en pleine expansion. Toutefois, la hausse des actions y fut moins spectaculaire, le S&P 500 progressant de 33 %.

Quant à 1989-1990, l’Europe a tiré profit de la chute du mur de Berlin en novembre 1989, qui a ouvert la voie à l’unification européenne. Pendant ce temps, les États-Unis sont entrés en récession en juillet 1990, en partie à cause de la crise des caisses d’épargne et de prêts.

Aujourd’hui, deux mois de performances ne suffisent évidemment pas à établir une tendance de long terme. L’évolution future des marchés américains et européens reste incertaine. Mais il est toujours bon de se rappeler que la balance peut pencher dans un sens comme dans l’autre en matière de performances boursières entre les différentes régions du monde.