Eaton dynamise la gestion de l’énergie

Dan Weil Analyste de Nouvelles du Marché

Une règle empirique veut que les entreprises technologiques soient passionnantes et que les entreprises industrielles ne le soient pas. Mais Eaton (NYSE : ETN), qui fournit des équipements de gestion de l’énergie, fait exception à la règle.

L’entreprise, âgée de 114 ans, se concentre particulièrement sur les équipements électriques. Son portefeuille électrique représente environ 70 % de son chiffre d’affaires, vendant des composants aux centres de données, aux services publics et aux bâtiments commerciaux et résidentiels. Son activité industrielle représente 30 % du chiffre d’affaires et vend des composants pour les véhicules commerciaux et particuliers ainsi que pour les avions.

Son action a grimpé de 272 % au cours des cinq dernières années, surpassant les géants technologiques (NASDAQ : GOOGL), Amazon (NASDAQ : AMZN), Apple (NASDAQ : AAPL), Meta Platforms (NASDAQ : META) et Microsoft (NASDAQ : MSFT).

Eaton profite de l’expansion des centres de données et de la forte demande énergétique qui l’accompagne. Tout cela est bien sûr stimulé par l’essor de l’intelligence artificielle.

L’entreprise bénéficie également des tendances à l’électrification et à la transition vers des énergies durables, y compris les véhicules électriques. Pour les véhicules électriques, elle fournit à la fois des composants automobiles et des équipements pour les systèmes de recharge. Du côté énergétique, elle investit dans la modernisation et le renforcement de la résilience des réseaux électriques.

Croissance des centres de données et acquisitions

La croissance globale des centres de données a été spectaculaire. La valeur du marché des centres de données est estimée aujourd’hui à 380 milliards de dollars et devrait atteindre entre 600 et 700 milliards d’ici 2030. Quant à la participation d’Eaton dans ce marché, elle fournit des alimentations sans interruption, des unités de distribution d’énergie et des systèmes de stockage d’énergie, entre autres produits.

L’entreprise s’est largement développée par le biais d’acquisitions au fil des années. En juin, elle a annoncé un accord pour acquérir la société britannique Ultra Precision Control Systems pour 1,6 milliard de dollars. Ultra PCS fabrique des systèmes de commande électronique, des capteurs et des produits de traitement de données destinés à l’aéronautique militaire et civile.

En août, Eaton a racheté Resilient Power Systems, une entreprise américaine, pour un montant non divulgué. Cette dernière développe des solutions énergétiques pour la recharge des véhicules électriques, les centres de données, les ports et le stockage par batterie.

Les acquisitions d’Eaton, ainsi que la cession de ses activités d’hydraulique et d’éclairage ces dernières années, ont « amélioré les rendements », écrit l’analyste de Morningstar Nicholas Lieb. « Elle a acquis des entreprises dans ses domaines de compétence clés, ce qui renforce l’étendue mondiale de sa gamme de produits. »

Il cite plusieurs domaines de force pour Eaton : « Elle fabrique des composants essentiels, hautement techniques, conçus pour résoudre les problèmes critiques des clients dans des secteurs vitaux de l’infrastructure mondiale », a-t-il déclaré.

« Une part importante des produits d’Eaton est intégrée aux opérations de ses clients et doit être entretenue ou remplacée à intervalles réguliers, ce qui tend à offrir des marges plus élevées que la vente de l’équipement lui-même. »

Pas trop “high-tech”

Par ailleurs, les avancées technologiques sont plus lentes dans les domaines d’Eaton que dans d’autres secteurs. « L’entreprise est donc largement protégée contre l’obsolescence tout en restant exposée à des tendances de croissance accélérée comme l’intelligence artificielle, l’automatisation, et la consommation de données et d’énergie », a déclaré Lieb.

Compte tenu de tout cela, il n’est pas surprenant qu’Eaton affiche de solides bénéfices. Son chiffre d’affaires a bondi de 11 % au deuxième trimestre par rapport à l’année précédente, atteignant 7 milliards de dollars. Le chiffre d’affaires organique a augmenté de 8 %, et le bénéfice par action de 1 %. Pour l’ensemble de 2025, l’entreprise prévoit une hausse de 8,5 % à 9,5 % des ventes organiques et une progression de 11 % du bénéfice par action, à la médiane de ses prévisions.

Il faut toutefois noter que l’action Eaton n’est pas bon marché. Son ratio prix/bénéfice prévisionnel est de 27,4, contre une moyenne sur cinq ans de 23,3. Ce chiffre est également bien supérieur au ratio prévisionnel du S&P 500, de 22,2 — un niveau historiquement élevé en soi.

Il y a donc beaucoup de choses positives à dire sur Eaton ; la seule question est de savoir combien de tout cela est déjà intégré dans le cours de l’action.

L’auteur détient des actions d’Eaton.

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