Dow Inc : si bas depuis si longtemps que ça ressemble à une remontée

Brian J. O’Connor Analyste de Nouvelles du Marché

La longue baisse des bénéfices de Dow Inc. (NYSE : DOW) a fait chuter le cours de l’action de plus de 55 $ en octobre 2024 à environ 23 $ le 15 août. Il est donc surprenant de voir le titre du producteur mondial de produits chimiques de spécialité gagner plus de 14,5 % depuis le 11 août.

Cette hausse ne vient pas d’une soudaine conviction des investisseurs que Dow dispose d’un plan de redressement efficace. C’est simplement que, après avoir touché le fond à la suite d’un nouveau bénéfice manqué, le cours est tellement écrasé que les investisseurs voient désormais Dow comme une valeur de rendement.

Ce qui est encore plus frappant, c’est que le dividende de Dow est jugé attractif malgré sa réduction de moitié – de 2,80 $ à 1,40 $ par an – après les mauvais résultats publiés en juillet 2024. Au 15 août, le rendement du dividende prévisionnel atteignait 5,99 %, plaçant Dow solidement dans la catégorie des actions à haut dividende.

Un géant mondial de la chimie

Fondée en 1897, Dow, basée à Midland (Michigan), fabrique des produits chimiques et matériaux de spécialité, comme des solvants, plastiques et un cuir synthétique à base de silicone. En 2019, Dow s’est séparée d’une fusion conclue en 2015 avec DuPont.

Depuis cette scission, le titre a grimpé jusqu’à 71 $ avant de plonger fortement l’an dernier. En 2024, le chiffre d’affaires a reculé de 3,7 % à 43 milliards $. Le bénéfice par action était de – 0,42 $ au deuxième trimestre. La réduction du dividende en juillet devrait permettre à l’entreprise d’économiser environ 992,6 millions de dollars par an.

Les analystes anticipent un BPA de – 0,99 $ pour l’ensemble de l’année, avant un retour aux bénéfices (0,37 $) en 2026. Quatre analystes recommandent l’achat du titre, tandis que 16 préconisent de le conserver.

Globalement, l’industrie chimique est en déclin depuis trois ans. Dow est particulièrement exposée à la volatilité des prix du pétrole, à la concurrence accrue de nouveaux producteurs chinois pratiquant des prix plus bas, à la faiblesse de la demande en Europe et en Chine, à la hausse des taux d’intérêt et aux problèmes de surcapacité. Plus tôt cette année, Dow a annoncé des fermetures d’usines, des licenciements, un plan de refinancement de sa dette et des réductions de ses investissements.

Ce qu’en disent les analystes

Si un dividende élevé peut sembler séduisant pour les investisseurs, il peut aussi signaler qu’une entreprise est en déclin dangereux. Autrement dit, ce n’est pas une hausse du dividende issue de flux de trésorerie positifs, mais une conséquence d’un cours de bourse en chute libre qui gonfle mécaniquement le rendement. Quand le cours de Dow s’est effondré, son rendement dépassait 10 % avant la coupe.

La baisse du dividende et les autres mesures d’économies montrent que le dividende réduit est plus sûr que l’ancien dividende annuel de 2,80 $. Les analystes ont noté que les bénéfices n’avaient pas couvert ce dividende de 2,80 $ en 2023 et 2024. La combinaison entre réduction de dividende et baisse des dépenses d’investissement devrait dégager 2 milliards $ d’économies, permettant de financer les nouveaux versements, plus bas.

Les investisseurs attirés par le rendement doivent savoir qu’avant la coupe, le payout ratio de Dow (dividendes versés sur 12 mois glissants rapportés aux bénéfices) avait atteint 700 %. Après l’ajustement, il reste à 100 %, ce qui est encore jugé dangereusement élevé. Dow n’est pas seule : trois de ses concurrents dépassent également 100 %, dont l’un à 686 %.

Le plan de redressement de la direction, que le PDG Jim Fitterling décrit comme adapté à un « environnement de bénéfices durablement faibles », s’inscrit dans le long terme. Mais toute nouvelle menace – tarifs douaniers, affaiblissement de l’économie, ou autre choc – pourrait fragiliser à nouveau le dividende.

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