Un investisseur retire une somme colossale de BlackRock (NYSE : BLK) : le dollar est-il en cause ?

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Le monde de la finance a été en ébullition cette semaine après l’annonce qu’un client institutionnel asiatique avait retiré 52 milliards de dollars de BlackRock (NYSE : BLK), le plus grand gestionnaire d’actifs au monde.

Le retrait a principalement concerné des investissements indiciels à faibles frais, surtout dans l’obligataire. L’identité de l’investisseur n’a pas été révélée. Mais vu l’ampleur de la somme, il pourrait s’agir d’une banque centrale.

Quoi qu’il en soit, tout le monde se demande pourquoi cet investisseur a massivement liquidé ses obligations. Nul ne le sait avec certitude, bien sûr. Mais plusieurs hypothèses circulent.

Il est possible que l’investisseur ait eu besoin de liquidités, et les obligations américaines sont parmi les actifs les plus faciles à vendre grâce à la liquidité massive de leur marché. Il est aussi possible que l’investisseur ait perdu confiance dans les obligations américaines. Les taux d’intérêt à long terme ont augmenté récemment, ce qui diminue la valeur des obligations. Et ils pourraient continuer à monter, compte tenu de l’énorme dette publique des États-Unis. Celle-ci atteint 36 000 milliards de dollars, soit plus de 100 % du PIB.

En raison de cette dette et des tensions autour des droits de douane américains, certains experts ont émis l’hypothèse que les bons du Trésor américain pourraient perdre leur statut d’actif refuge mondial. Mais d’autres pays affichent également des dettes très élevées, notamment la Chine et le Japon. Et sauf effondrement économique mondial causé par les tarifs — ce qui semble désormais peu probable — le statut privilégié des Treasuries devrait se maintenir.

Peu d’alternatives aux Treasuries – et le dollar ?

Malgré le fardeau de la dette américaine, il n’existe pas vraiment d’alternative aux Treasuries pour les investisseurs en quête de sécurité. L’Europe n’a pas de politique budgétaire coordonnée, et son marché obligataire est bien moins profond que celui des États-Unis.

Le marché obligataire chinois est contrôlé par l’État, ce qui réduit son attractivité. Et l’économie japonaise stagne depuis plus de 35 ans, ce qui n’en fait pas un candidat sérieux au statut de valeur refuge.

Une autre raison possible à cette vente massive d’obligations pourrait être la faiblesse du dollar. Un dollar en baisse réduit la valeur des revenus tirés des obligations américaines une fois convertis en devises étrangères.

L’indice Bloomberg Dollar Spot a chuté de 8,5 % sur un an. Cela peut sembler peu, mais les devises sont généralement beaucoup plus stables que les actions. Le dollar a connu au premier semestre sa plus forte baisse depuis une période comparable en 1973.

Les inquiétudes liées aux droits de douane et à l’explosion de la dette américaine ont pesé sur le dollar. Si celui-ci continue de baisser, cela pourrait entraîner de nouvelles ventes d’obligations américaines. Mais il faut garder à l’esprit que prédire l’évolution du dollar est extrêmement difficile. Il n’y a aucune garantie qu’il poursuivra sa chute. Et même si c’était le cas, rien ne dit que les investisseurs étrangers liquideraient massivement leurs obligations.

Sur ce sujet, il s’agit davantage de poser les bonnes questions que d’apporter des réponses définitives.