Ackman pourrait avoir visé trop haut avec Buffett

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Bill Ackman, poids lourd des fonds spéculatifs chez Pershing Square Capital Management, affirme que son entreprise a le potentiel de “créer notre propre version moderne” de Berkshire Hathaway (NYSE : BRK) de Warren Buffett.

La publication sur X semble toutefois plus relever du fantasme que de la réalité. Elle a été partagée la semaine dernière, alors que Pershing Square annonçait une offre de 900 millions de dollars pour augmenter sa participation dans Howard Hughes Holdings (NYSE : HHH), une société de développement immobilier. Cette opération donnerait à Pershing une participation majoritaire. “Le nouveau HHH acquerra des participations majoritaires dans des entreprises privées et publiques”, tout comme Berkshire, a déclaré Ackman.

Mais il n’est même pas certain que le conseil d’administration de HHH approuve la proposition de Pershing. Il n’avait déjà pas été très enthousiaste à l’égard du plan initial d’Ackman visant à augmenter sa participation en 2024.

HHH possède des biens immobiliers dans les marchés attractifs de l’Arizona et de la région de Houston. Son flux de trésorerie disponible est en hausse, et HHH a déclaré en novembre qu’une “mesure conservatrice” de sa valeur nette d’actifs était de 118 dollars par action. C’est bien loin des 90 dollars par action qu’Ackman souhaite payer.

“L’offre semble excellente pour les admirateurs de Pershing Square mais n’apporte rien aux actionnaires de HHH qui cherchent à combler l’écart entre le prix actuel de l’action [74 $] et l’estimation de 118 $ de la société”, observe Alex Goldfarb, analyste chez Piper Sandler, cité par Barron’s.

“Nous ne voyons pas comment le conseil d’administration indépendant de HHH pourrait approuver cette transaction, d’autant plus que HHH n’a pas besoin de l’apport de capital de 900 millions de dollars proposé.”

Des commissions juteuses pour Pershing

Si l’accord devait se conclure, Andrew Bary, rédacteur chez Barron’s, souligne une différence majeure entre HHH et Berkshire : les commissions. Le plan en prévoit beaucoup pour Ackman. HHH verserait à Pershing 1,5 % de la valeur de HHH, ce qui pourrait représenter 72 millions de dollars par an, selon les estimations de Barron’s.

HHH affiche actuellement une capitalisation boursière de 3,7 milliards de dollars, contre 1 100 milliards de dollars pour Berkshire. Pourtant, le salaire annuel de Buffett ne dépasse pas 100 000 dollars.

Ackman, personnage flamboyant et adepte des projecteurs, n’a certainement pas le même parcours que Buffett. Il a réalisé quelques gros coups, notamment avec Municipal Bond Insurance Association en 2002, Wendy’s en 2004 et General Growth Properties en 2008.

General Growth a été l’un des meilleurs investissements de fonds spéculatifs de tous les temps, avec un investissement initial de 60 millions de dollars par Pershing et un gain de 1,6 milliard de dollars.

Les pertes de Pershing

Cependant, Pershing a essuyé une perte de 1,4 milliard de dollars lors de la revente de Valeant Pharmaceuticals en 2017. Et sa position short sur Herbalife lui a coûté 1 milliard de dollars entre 2012 et 2017. Les achats de Target (NYSE : TGT) et Borders se sont également soldés par des échecs.

L’an dernier, Pershing Square Holdings, le fonds spéculatif coté en bourse d’Ackman, a enregistré un gain net de 10,2 %, bien en deçà du rendement total de 25 % du S&P 500. Depuis la création du fonds en 2012, son gain net annuel est de 13,5 %, contre 14,8 % pour le S&P 500.

Pendant ce temps, Berkshire a généré un rendement annuel composé de 19,9 % depuis sa création sous la direction de Buffett en 1965 jusqu’en 2024. À titre de comparaison, le S&P 500 a enregistré un rendement de 10,4 % sur la même période.

Conclusion : Ackman aimerait peut-être être Warren Buffett, mais pour l’instant, cela semble difficile à envisager.

L’auteur détient des actions de Berkshire Hathaway.